Qu'est-ce qu'un syndrome de stress post-traumatique

GÉNÉRALITÉS

7/13/20237 min read

  • L'action neurovégétative, liée à un sentiment de menace permanente: la personne s'endort difficilement et souffre de troubles de la concentration. Elle est hyper vigilante au moindre signe d'alerte et sursaute facilement. Enfin elle perd le contrôle de ses émotions fréquemment, avec des accès de colère et beaucoup d'impulsivité.

  • Des effets négatifs sur la pensée et l'humeur: l'individu traumatisé peut se sentir comme anesthésié émotionnellement, avec même l'impression de ne plus être capable d'aimer, ou d'éprouver réellement de la joie. En revanche, lorsque le souvenir se rappelle à lui, il éprouve de la peur, de la colère, de la culpabilité, voire même de la honte de façon envahissante, comme s'il était responsable de ce qu'il avait vécu. Par ailleurs, le SSPT est souvent accompagné d'affects dépressifs. avec une baisse de l'intérêt pour des activités appréciées auparavant

  • D'autres symptômes peuvent s'ajouter:

    • Des Troubles obsessionnels compulsifs, en particulier de nettoyage ou de vérification (que les portes sont bien fermées à clé, qu'il n'y a personne de caché dans le placard, etc.)

    • Des conduites addictives (alcool ou autres) pour tenter d'anesthésier la souffrance morale

    • Des comportements à risque, voire suicidaires

    • Des difficultés majeures autour de la sexualité, en particulier pour les personnes torturées ou violées: le corps se crispe au moindre signal sexuel, voire même d'un simple contact physique.

    • Des douleurs physiques inexpliquées (troubles psychosomatiques ou somatoformes)

      En général, le stress post-traumatique guérit dans les 3 mois suivant l'évènement traumatisant. Si les symptômes persistent ou sont trop intenses, il faudra s'orienter vers une prise en charge psychothérapeutique spécifique auprès d'un professionnel formé au trauma. Le médecin ou le psychiatre peuvent également proposer un traitement médicamenteux pour apaiser les symptômes en attendant que la psychothérapie agisse.

      Le syndrome psycho-traumatique peut aussi être partiel, se manifestant par des phobies post-traumatique ou des comportements suicidaires, des dépressions post-traumatiques, des addictions ou des douleurs physiques inexpliquées.

Dès 1880, Pierre Janet, psychiatre français, étudie les différents impacts des chocs émotionnels et en particulier la dissociation de la personnalité en plusieurs parties suite à un trauma. Au 20ème siècle, les guerres ont traumatisé de très nombreux militaires, incapables ensuite de revenir à une vie civile normale. La souffrance des vétérans américains de la guerre du Vietnam a entrainé de nombreuses études pour comprendre les mécanismes psychiques sous-jacent et comment leur venir en aide, ce qui a permis la définition du Syndrome de Stress Post-Traumatique (SSPT) en 1980.

Encore trop peu souvent diagnostiqué, le nombre de personnes concernées est sous-évalué dans la population civile. En revanche, on sait qu' environ un quart des militaires ayant été sur une zone de conflit en souffrent ou en ont souffert.

Les troubles post-traumatiques touchent des victimes ou témoins d'un évènement traumatisant, ou ayant un proche en ayant été victime. L'évènement traumatique est un évènement potentiellement mortel ou menaçant l'intégrité physique. On pense souvent à une guerre, une catastrophe naturelle, un viol, mais il peut s'agir aussi d'une maladie, de violences physiques, d'un accident de voiture ou des menaces de mort.

Lorsque nous sommes en danger, nous ressentons de la peur. Cette émotion est utile: en se déclenchant, les hormones de stress préparent notre corps tout entier à fuir ou à nous défendre. Cependant, lorsqu'aucune de ces deux réactions n'est possible, la peur s'accentue provoquant dans notre cerveau la sidération. Notre corps s'immobilise: "je me suis senti pétrifié, incapable de bouger", ou se soumet: "je me suis sentie complètement impuissant, j'ai fait ce qu' il m'a dit. Je n'imaginais même pas une autre solution" . Ce sont des réactions naturelles et présentes dans tout le monde animal. Lorsque la menace est trop importante, notre corps "se met en mode survie".

Ce qui signifie aussi que notre cortex se désactive: l'évènement est tellement dangereux que nous n'avons pas le temps ou la possibilité de réfléchir trop longuement: il faut agir et vite. Si l'action n'est pas possible, la sidération aide notre corps à moins ressentir la douleur. Dans l'urgence, c'est tout un système neuro-végétatif qui se met en place pour s'adapter de la moins pire des façons, bloquant la pensée.

C'est pour cela que l'apprentissage et l'entrainement sont essentiels face à des menaces prévisibles: si nous savons comment nous comporter pour tenter de survivre, nous pourrons le faire en mode automatique.

Les symptômes de stress post -traumatique sont classés en 4 catégories:

  • Les symptômes d'intrusion, appelés aussi phénomène de reviviscence: l'évènement envahit la pensée de manière répétée et de façon incontrôlable. La personne revit sans cesse le trauma sous forme de flash-back, de cauchemars, de souvenirs répétitifs ou encore a l'impression que l'évènement pourrait se répéter. Des éléments anodins du quotidien déclenchent la panique et parfois l'agressivité (une odeur, un bruit, la vue d'un objet…).

  • Un comportement d'évitement de tout ce qui rappelle l'évènement: les lieux, les situations ou les personnes qui pourraient rappeler la situation. La victime peut refuser d'en parler, ne veut même pas y penser. L'objectif est de ne pas se retrouver confronté à la souffrance liée au trauma.

    Cet évitement peut être inconscient: la personne peut oublier tout ou partie de l'évènement traumatique, c'est ce qu'on appelle l'amnésie dissociative. Ce phénomène surprend souvent l'entourage qui s'étonne: "Mais pourquoi tu ne nous l'a pas dit?". Une adolescente témoin de la violence de son père à l'égard de sa mère m'expliquait qu'en dehors de ces épisodes, elle n'y pensait pas, comme si ces agressions n'existaient pas. Mais lorsque le souvenir lui revenait, c'était extrêmement pénible pour elle, elle préférait ne pas y penser.

    L'évènement est parfois complètement occulté et le souvenir peut réapparaître bien des années plus tard, réactivé par un autre évènement.

    La dissociation et l'évitement sont des formes de protection du psychisme…

Cette désactivation du cortex explique qu'une personne traumatisée peut sembler irrationnelle: la convaincre par la raison qu'elle est en sécurité ne suffit pas, elle a besoin de le ressentir aussi dans son corps.

Pour récupérer le contrôle, le patient peut s'appuyer sur les parties du cerveau qui gèrent la respiration, le mouvement et le toucher. Nous avons en effet un système de récupération inné pour nous sentir à nouveau en sécurité grâce à un travail corporel lié à la respiration, au mouvement, si possible en synchronisation avec d'autres personnes. Bouger, marcher, chanter ensemble, les arts martiaux et le yoga par exemple sont très thérapeutiques. Neldon Mandela expliquait que la boxe l'avait aidé: elle lui permettait d'anticiper les réactions des autres et les siennes en retour, pour se sentir à nouveau suffisamment en sécurité.

Les thérapies cognitives et comportementales à visée trauma ainsi que 'EMDR sont des techniques psychothérapeutiques largement validées avec un taux de réussite à plus de 80 %. La prise en charge peut être plus longue chez l'adulte si les évènements traumatisants ont été nombreux dans la petite enfance.

Une personne exposée a plus de risque de développer un trouble de stress post-traumatique en fonction de différents facteurs:

  • La victime avait déjà subi des expériences douloureuses dans le passé

  • L'intensité, la sévérité, la durée de l'évènement, son impact émotionnel et ses conséquences

  • Le contexte post-traumatique: stress, douleur chronique, absence de soutien perçu.

    La torture et le viol sont les évènements les plus traumatisants par l'intentionnalité de l'agresseur de faire souffrir sa victime et l'humiliation provoquée dans son intimité même.

Pour bien comprendre le syndrome de stress post-traumatique, il est essentiel de se souvenir que le trauma se joue dans le corps, qui est sans cesse en hyperactivation, qui se sent constamment en danger.

On pourrait dire que pour le traumatisé, le temps s'est arrêté: l'évènement traumatisant est toujours en cours. La personne est en difficulté pour se sentir en sécurité. Des hormones de stress continuent d'être produites, le trauma n'est pas inscrit dans le passé, mais dans un présent qui n'en finit pas. On peut l'imaginer comme figé dans une capsule que l'organisme ne parvient pas à intégrer, qui vient pirater le présent.

Grace à l'imagerie cérébrale, il est possible d'étudier le cerveau de personnes traumatisées en réactivant le trauma. Par exemple, on leur passe un enregistrement vocal racontant l'évènement et on observe les aires du cerveau qui s'activent. Or ce qu'on appelle "le cerveau rationnel" et les aires liées au langage se déconnectent. Par contre, le "cerveau de survie" est activé, avec les mêmes réactions neurovégétatives, comme si le patient y était à nouveau.

La personne a alors ressenti une peur intense associée à un sentiment d'impuissance, d'horreur ou de honte.