Qu'est-ce que la douleur chronique?

Nous faisons tous l'expérience de la douleur, plus ou moins vive, plus ou moins supportable, mais passagère. La douleur chronique concerne tout de même 1 personne sur 3.

DOULEUR CHRONIQUE

1/28/20233 min read

Tout d'abord, comment définit-on précisément la douleur ?

Selon l’Association Internationale d’Étude de la Douleur (IASP) c’est :

« Une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle ou décrite dans ces termes. »

La douleur est donc une expérience, propre à chacun, subjective, regroupant à la fois :

  • une sensation : piqure, brûlure, etc.

  • une émotion : surprise, colère, tristesse, etc. -

  • des pensées : « y a qu’à moi que ça arrive », « putain de bordel de merde » (si, si, ne faites pas votre mijaurée !) …

  • une réaction : j’évalue et j’adapte mon comportement, en fonction de mes connaissances, mes croyances, mes émotions, mon ressenti, mes possibilités... Par exemple, je pense que ça va passer, donc je ne m’affole pas et je continue mon activité. Je pense que ça pourrait s’infecter, donc je désinfecte la plaie, etc.

L'IASP insiste sur la subjectivité de chaque douleur: « Il n’y a pas une douleur, mais des douleurs, et la façon dont une personne ressent la douleur physique, indépendamment de sa durée, relève de sa perception et de sa sensibilité au moment où elle survient. Elle est auréolée d’une tonalité affective qui dépend de l’état psychique dans lequel elle se trouve et qui va jouer un rôle considérable pour la rendre plus ou moins supportable. » Ainsi, on sait par exemple que l’anxiété majore l’intensité ressentie de la douleur. En revanche, un stress aigu la diminue : je suis en danger, en train de m’enfuir et je parviens à courir malgré ma cheville cassée.

Une douleur est dite aiguë si elle dure moins de 3 mois ou chronique si elle résiste aux traitements et persiste plus de 3 mois.

Mais pourquoi souffrons-nous ?

Dans sa phase aiguë, la douleur est utile : c’est un signal d’alarme qui vient nous informer que notre corps subit une agression. La douleur a donc un rôle protecteur. Si je pose ma main sur le poêle allumé et que je suis insensible à la brulure, je ne retire pas ma main, la lésion serait alors beaucoup plus grave …

Mais dans sa forme chronique, la douleur perd cette utilité.

C’est ce qu’on appelle une « douleur-maladie ». Le corps continue de sonner l’alarme alors qu’il n’y a plus d’intérêt à le faire. C’est le cas dans certaines pathologies chroniques (polyarthrite rhumatoïde, arthrose, migraines, fibromyalgie etc.), mais aussi lorsqu’un nerf a été lésé (séquelles de radiothérapie, d’opération, d’AVC, certaines hernies discales, amputation, etc.).

Or la douleur chronique épuise, déprime et inquiète la personne concernée. Elle est handicapante et la qualité de vie est diminuée.

Entre la moitié et les deux tiers des personnes souffrant de douleur chronique ne peuvent pas ou difficilement faire de l'exercice, dormir normalement, effectuer des tâches ménagères, participer à des activités sociales, conduire, marcher ou avoir des relations sexuelles.

Une personne sur 4 rapporte que la douleur perturbe ou détruit ses relations avec sa famille et ses amis.

shallow focus of a woman's sad eyes
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En outre, 39% des personnes souffrant de douleurs ont le sentiment que leur douleur chronique n'est pas prise en charge de façon appropriée, la moitié de ces personnes estimant que leur médecin ne considère pas leur douleur comme un problème. Et pourtant, 28% sont si désespérées que la mort peut parfois leur sembler préférable ...

La douleur chronique devient alors une «souffrance globale », qui risque d’empoisonner toutes les sphères de la vie : psychologique, familiale, sociale, financière, etc.

Face à ce constat, des structures hospitalières « Douleur Chronique » ont été mises en place dans chaque département de France.

Encore appelées structures « Anti-douleur », leur objectif est de proposer une prise en charge globale avec une équipe pluri-professionnelles (médecin, infirmière, psychologue) afin de favoriser une meilleure coordination des soins, d’éviter les errances médicales de patients désemparés, et surtout d’améliorer la qualité de vie de ces personnes par des soins adaptés.

Si vous êtes concerné, n’hésitez pas à demander à votre médecin traitant de vous orienter vers la structure douleur chronique la plus proche !

man in white button up shirt beside man in black shirt
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La douleur chronique est une douleur qui persiste depuis plus de 3 à 6 mois, malgré les traitements.

1 adulte sur 3 est concerné en Europe, soit près de 20 millions de français selon 1 sondage de 2014…

Sources : Taifel, P., Gerche, S. & Huas, D. La douleur en médecine générale. Douleur Analgésie 15, 71-79 (2002) ; Livre Blanc de la douleur SFETD (2017) 9-10, 39-41.